Des visages et du brouillard

Hier soir, c’était sortie au Merle.

L’idée générale était de rejoindre Niels, un ami du LRDE, qui avait proposé de tester un restaurant mexicain sur la butte aux cailles avant l’hebdomadaire visite du Merle du lundi. C’était une réussite. Hélas pour le restaurant, il est difficile à trouver, et même s’il gagnerait à se faire mieux connaître je le vois comme un lieu où on peut trouver seuls les habitués et les visiteurs curieux et motivés. Nous y étions quatre au lieu de deux, ayant récupéré deux autres gens bien au labo avant de partir manger. Plus tard, lorsque nous sommes arrivés au Merle, il était encore tôt. Il n’y avait quasiment personne et la musique n’était pas encore bonne. Mais le manque fut rapidement comblé, par l’arrivée successive de plein de gens bien que j’ai eu beaucoup de plaisir à revoir (mais dont je ne peux pas donner une liste, ayant de l’événement un souvenir embrumé).

Il s’est passé beaucoup de choses pendant cette soirée. Rien de majeur qui bouleverse une existence, mais beaucoup de choses qui sont bonnes pour trouver du plaisir à être humain. C’est un des charmes du Merle, d’ailleurs.

Déjà, il y avait de la bonne humeur et de la civilité. Celui qui est arrivé dans l’endroit avec beaucoup de chagrin quant à son avenir et souffrant d’avoir écarté par mégarde une femme de son existence n’a pas fait acte d’indiscipline et de désespoir immodéré lorsque l’ex-objet de son désir a fait à son tour son apparition ; au contraire, après que mon ex et moi-même l’ayons soutenu dans cette voie, il a puisé dans l’énergie synergique de l’endroit la force nécessaire pour s’y défouler en faisant un effort pour voir les côtés positifs de la situation : des gens bien avec lui, c’est plus intéressant qu’une personne sans lui.

Ensuite, …

C’est difficilement descriptible. Comment décrire par exemple mes impressions à l’arrivée d’un estimé individu, que je tiens en haute estime surtout pour son intelligence et sa délicatesse, auxquelles vient s’ajouter un charme négligemment et inconsciemment cultivé mais indéniable, puis celles lorsque je m’aperçus qu’une estimée individuelle monopolise en ce moment le corps, si ce n’est le coeur, du jouvenceau, puis ma manière de transcender la situation en annihilant l’afflux de jalousie par une bouffée d’endorphines, suite à un effort physique notoire et salutaire résultant de l’entraînement involontaire de ma part dans le rythme effréné de l’ambiance musicale ?

(Oui, j’aime les phrases longues, et alors ?)

D’aucuns pourraient dire que je suis un faible qui fuit la passion dans l’alcool et l’oubli de soi. C’est vrai, j’assume. Mais fi ! Mon e^H^H^H^Hax, qui a sur ce sujet les mêmes visées que moi, m’a appris la conduite à suivre en telles conditions : être patient. L’importune est partageuse ; il suffit de lui laisser le temps d’expliquer à l’intéressé qu’il ne la heurtera pas en reconnaissant l’enrichissement potentiel, pour son existence, qu’il pourrait retirer d’une réponse délicate à nos intentions.

Décadence, décadence. :)

Cette nuit, Niels m’a hébergé. Il habite en colocation, et même si probablement sa situation n’est pas une référence, je dois m’avouer que le peu que j’en ai vu m’a refroidi sur le principe.