Dépendance

« Exister au travers de. »

J’ai mis longtemps à comprendre ce que signifie cette expression. Désormais, je le vois autour de moi.

J’observe, même.

Des mères qui existent au travers de leurs enfants.

Des gens qui existent au travers de l’ensemble des règles qui régissent leur existence, et donc la survie dépend de la stabilité et de la fermeté de leur environnement.

Des gens qui existent au travers de leurs livres, de leurs lectures. J’en ai fait partie.

Des gens qui existent au travers du regard qu’on leur porte, et qui du coup donnent une image d’eux-même instable à tendance oscillante. Très courant, courantes même.

Des gens qui existent au travers de leur partenaire de couple ou de leur relation de couple. Très courant.

Des gens qui existent au travers de leurs rêves, de leur imagination. Très courant, très peu pragmatique aussi. J’en fait souvent partie, mais de moins en moins.

Des gens qui existent au travers de leurs idéaux, de ce qu’ils voudraient être ou voir être. Assez courant. Danger : surréalisme latent. Je n’aime pas trop.

Des gens qui existent au travers de leur famille, voire de leur proximité avec les membres de leur famille. Courant. Danger : milieu cloisonnant. J’ai fui ça, il y a longtemps désormais. Maintenant, je m’en méfie. Beaucoup. (Trop ?)

Des gens qui existent au travers de leur travail. Très courant aussi. Très dommage, souvent. J’en fais partie quand je déprime, parce que c’est le moyen de retrouver plus vite un pied dans l’existence.

Des gens qui existent au travers de leur réseau d’amis. Pas très courant, mais très chouette. J’aime, même si je n’y arrive pas moi-même.

Comme ça, il y en a encore beaucoup. Plein. Autant que de gens, peut-être, parce que finalement chacun choisit, d’une manière ou d’une autre, ses piliers de stabilité émotionnelle…

Mais il y en a une sorte que je n’ai pas trouvé. Une que je cherche encore : les gens qui existent au travers d’eux-même.

Ça doit être compliqué.