Régression

Dans mon demi-coma, depuis tout à l’heure, vient de resurgir un fantôme du passé.

Celui que j’ai été, que j’ai construit, entre ma quatorzième et ma vingt-et-unième année. Sept ans de retrait du monde pour ne pas souffrir l’incompréhension, l’indifférence et l’aliénation. Sept ans à interagir suffisament peu avec les gens proches pour ne pas craindre de me faire aliéner par ceux dont l’opinion m’importe. Sept ans à ne laisser aucune prise, ne montrer aucune faiblesse, et me montrer aussi discret que possible, pour ne pas inviter la cruauté de l’humour irréfléchi, des « blagues entres potes » qui jouent avec la faiblesse et l’incompréhension des uns pour amuser les autres.

Je n’aimais pas cet autre parce qu’il entretenait délibérément la solitude qui le faisait souffrir. Mais je ne sais pas si une souffrance délibérée vaut mieux que celle qu’on trouve par surprise là où on ne l’attendait pas.