Éphémère sérénité

Ce week-end, une gentille fille m’a invité à venir me détendre chez sa famille.

C’est très chouette : la maison est à la campagne (on entend même les vaches picardes meugler non loin), très grande (maison, pavillon, piscine, cours de tennis, terrasses), avec une vue magnifique (elle est placé en haut d’une colline, sur la pente), sans connexion au téléphone portable mais avec connexion à l’Internet par satellite.

Et outre le cadre fort sympathique, c’est plein de gens bien. Une vraie famille avec des gens qui se supportent, et même si (ce fut raconté) tout n’a pas été toujours facile, tout le monde fait un peu d’efforts pour que ça se passe bien.

Et moi, je redécouvre.

Deux choses.

En premier, tout simplement, le plaisir de rentrer dans un cercle familial, accueilli simplement avec un sourire sans sans passer pour le cheveu sur la soupe ou l’esclave de service. Il faut dire que ça ne m’arrive pas souvent (je n’ai pas souvent fait connaissance de la sorte avec des familles bien) ; et que je ne le cherche pas non plus, habituellement : ici, ce me fut proposé sans effort de ma part dans ce sens, effort que je n’aurais pas fourni.

La deuxième redécouverte est un peu plus complexe à décrire.

Il y a des gens de plusieurs âges ici. Des gens comme moi, les parents, mais aussi un damoiseau d’environ quatorze ans et une jouvencelle d’une dizaine d’années, et une acquaintance du damoiseau d’un âge similaire. Et, chose surprenante que jamais je n’aurais cru possible, ce petit monde est capable de se regrouper pour discuter et échanger des idées (si, si !) sans avoir besoin d’une activité tierce pour servir de liant.

Contextes de vie différents, histoires et expériences différentes, points de vue forcément différents aussi, et pourtant… C’est un plaisir d’être là, de pouvoir observer comment, même à dix ou quatorze ans, on peut être amusant et/ou intelligent (je ne l’étais pas) et partager des préoccupations communes. Et même le jeu de filtrer ce qui est dit ou demandé pour éviter de désaccorder les mots et les idées de l’innocence et surtout le champ sémantique plus réduit des plus petits, n’est pas pesant puisque les moindres erreurs sont amorties, souvent par l’incompréhension, mais surtout par une grande tolérance et une mémoire éphémère des mots précis utilisés.

Le jouvenceau est seul fils parmi trois filles. Je ne sais pas comment il le vit, mais j’arrive à percevoir comment cela influe sur sa manière d’être et (un peu) sur sa sensibilité. Et c’est beau.

Le monde serait peut-être moins un monde de brutes si chaque garçon était élevé par au moins deux filles.

Cela étant, la cérémonie du coucher a été soutenue par la projection du film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, qui a eu l’effet soporifique prévu, mais sur tout le monde. Nous avons donc dormi sur le bruitage de la page d’accueil du DVD, faute de personne pour l’inhiber, ce qui a eu le désagréable inconvénient d’écourter ma grasse matinée (déjà compromise par un grand beau temps qui m’a harcelé le visage lorsque le soleil s’est levé).

Je pense que je vais aller me promener dans l’herbe fraîche.

Et je n’ai toujours pas commencé à préparer ma formation (celle que je vais donner à Lille entre demain et mercredi). Ce n’est vraiment pas sérieux.

Mais je m’en fiche. C’est bien.