Contact
Ce soir, après avoir bataillé avec un boîtier de PC qui a failli me blesser (plus jamais je ne toucherai à ce genre de chose), je suis parti en courant du bureau… Pour me mettre en chemin vers chez un gen bien qui m’avais invité à le visiter chez lui pour socialiser.
C’est quelqu’un que je connais depuis fort longtemps. Le premier souvenir de lui que je me remémore encore facilement date de l’époque où je fréquentais la classe de seconde, et où je le vois dans le cadre d’un cours de mathématiques assis au fond de la classe, avec ses rollers déposés négligemment auprès de sa chaise, en train d’assister avec beaucoup de désinvolture au cours. Désinvolture, mais pas désintérêt : le monsieur ne travaillait pas mais ne manquait pas de curiosité pour ce qui se passait en classe.
À cette époque, je le percevais comme quelqu’un de placide, un peu hors des rails de parcours couramment parcourus, indépendant et solitaire. Mais je ne le fréquentais pas.
Plus tard au lycée, nous avons été amenés une première fois à socialiser, par l’entremède d’un groupe de personnes d’intérêt commun (les jeux vidéos et les ordinateurs), car s’organisèrent à plusieurs reprises des regroupement de personnes dans le but d’assouvir les pulsion primaires liées au centre d’intérêt commun, et l’un et l’autres furent conviés à participer.
Même avec très peu de contact avec lui, le peu que j’en percevais le plaçait déjà très haut dans mon estime, voire plutôt m’empreignait d’un respect admiratif à son égard, pour son apparent contentement dans la solitude et surtout son indépendance.
Bref.
Après le bac, nous ne nous voyions plus. Du moins ne m’en souviens-je plus.
L’année dernière, j’ai vu son contact ICQ apparaître à nouveau dans ma liste. Il avait emménagé à Paris.
Et ce n’est que tout récemment que l’un et l’autre avons trouvé l’étincelle de motivation qui permis de renouer le contact.
C’était bizarre.
J’étais partagé entre l’appréhension de rencontrer quelqu’un que j’avais connu à une époque où j’étais quelqu’un d’autre, et la confiance en sa discrétion et son tact qui, je le sentais, nous permettrait de nous regarder et socialiser sans faire appel au passé.
Ce fut une bonne surprise. Apprendre qu’il avait changé lui aussi, et qu’il avait décidé de se défaire un peu de sa solitude pour se révéler en personne sensible et attentive fut pour moi une nouvelle qui contribue à donner corps à l’équilibre du monde.
En y pensant avec un peu de recul, je m’aperçoit que mes fréquentations peuvent se discriminer en deux catégories : celles avec lesquelles l’information et le respect de l’autre passent dans le dit, et celle où cela passe dans le non-dit. Lui appartient plutôt à la deuxième. Mais avec le luxe d’un dit cultivé, ou du moins cultivant pour moi.
C’était chouette.
En plus, il vient d’accueillir chez lui deux adorables petits chats blancs, qui nous ont distrait pendant notre discussion en jouant autour de nous. La vision de ces deux petites boules de poils en train de jouer avec mes chaussures restera un souvenir heureux pendant au moins quelques jours.
Des soirées comme ça, j’en veux encore !