Petits points d’encre sur la page blanche

De loin, la page est vierge. Un morceau de papier blanc, presque rectangulaire, le genre de support typique pour l’écriture.

Lorsqu’on s’approche, on commence à voir qu’elle n’est pas lisse. Les pliures parfois déchirées témoignent d’un passé froissé, laissent craindre les affres de la corbeille à papier… Mais la feuille est là, défroissée, telle un vestige restauré pour un recyclage.

À y regarder de plus près, cette page n’est pas vierge. Les traces de gommage sont là, évidentes, témoignant aussi d’un passé d’écriture révolu mais indéniable : le blanc du papier est maculé, les traces de gomme se mêlent à la texture du support et font désormais partie de son caractère.

Récemment, un mouvement malencontreux de plume à proximité a moucheté la page d’une multitude de petits points d’encre.

La page est oubliée dans un coin sombre du bureau du monde, déjà à moitié en train de tomber par-derrière.

Plus beaucoup d’espoir qu’elle serve encore ; de toutes façons, qui s’y intéresserait ?

Et il fait trop humide pour la sublimer en fumée.