Chaleur

Mon chat est blotti contre mon ventre, sous mon pull.

C’est chaud.

C’est mou, c’est agréable.

Ma dernière lecture a remué en moi une pensée qui m’est arrivée durant mon séjour outre-tropique, et qui s’est matérialisé avec des mots mardi soir auprès d’un gen bien : ne serait-il pas préférable, pour la tranquillité de mon esprit et de mon cœur, que j’aille vivre dans un lieu où je ne trouverai presqu’aucune occasion d’en perturber le rythme ?

J’ai encore constaté aujourd’hui, comme à chaque fois, l’émoi que provoque en moi la vue d’un couple aimant d’une manière que j’imagine être une de celles dont je suis capable. Même si le recul ferait apparaître l’acte lâche et faible, n’est-il pas souhaitable pour mon intégrité émotionnelle de me déplacer dans un milieu où les types de couples incrimités seraient statistiquement rarissimes, ou du moins invisibles ?

Telle est la question qui me perturbe, surtout étant donné l’autre constat que l’isolation dans un hôtel dans une ville morne en profondeur émotionnelle était sublimement reposante pour mon moi intérieur.

Bref.

Doucement, je me fais à l’idée que je mènerai une existence banale et inintéressante, célibataire ennuyeux et ennuyé, frustré mais surtout déçu. Un rapide tour de mes souvenirs me signale qu’il n’y a pas eu depuis longtemps une occasion où ma simple existence ou un mot d’esprit volontairement émis dans ce but aurait provoqué un sourire et une connivence affective. Je suis drôle à mes dépens, ou dérangeant par mon sérieux et mon caractère imprévisible. Et depuis que je fais l’effort d’observer le physique des autres êtres humains autour de moi, j’observe aussi le mien dans un miroir et je ne peux m’empêcher d’observer que je ne suis pas beau, en tout cas pas aux endroits où même de bonnes cures ou le sport ne pourraient rien y faire.

Que reste-t-il ? Mon dévouement entier pour les personnes qui m’ont aidé pendant les moments difficiles, accueilli heureusement avec plaisir et base d’une certaine forme stable et agréable de liens sociaux.

C’est déjà très bien, en fait.

Je ne me plains pas.