Pélerinage culturel
De retour d’Amsterdam. L’après-midi a été assez court, en raison d’une lessive qui a duré plus longtemps que prévu.
Je suis parti en train à l’heure où les musées ouvraient, et je suis arrivé environ trois quarts d’heure et une vingtaine d’euros plus tard à destination. Je n’avais absolument rien prévu ; on m’avait parlé de la maison de Rembrandt, celle de Anne Franck, du Rijksmuseum, du musée scientifique NEMO, et finalement mes pas m’ont porté au Stedelijk Museum CS, un des (nombreux) musées d’art moderne.
J’y suis resté un peu plus de deux heures. C’était formidable ! Je ne m’attendais vraiment pas à prendre autant de plaisir à visiter un musée d’art moderne. Ainsi mon corps-esprit s’est-il rempli aujourd’hui :
- d’une exposition d’affiches d’un peintre au nom à sonorités espagnoles, sur des thèmes variés autour du département français 93 (Seine Saint-Denis) ;
- une galerie d’objets qui m’ont (enfin !) fait comprendre le travail de création d’un artiste sur la matière : entre autres objets marquants, une « vaisselle royale » réalisée par façonnage d’un exosquelette en métal précieux (or, argent) autour de formes en talc ensuite rincées pour les faire disparaître, et un service à thé où les formes sont prolongées délibérément pour transformer les tasses en œufs et les cuillers en… choses rondes avec un manche ;
- une exposition en images et vidéo de Shirin Neshat, artiste iranienne, consacrée à la « complexité des frontières dans l’Islam : entre l’homme et la femme, entre le sacré et le profante, entre la réalité et la magie. » Là où l’artiste exprime sa souffrance empathique avec les femmes de son pays d’origine où elle revient après des études d’art à Los Angeles, j’y vis les affres en images et en son de femmes torturées et prisonnières de centenaires d’obscurantisme religieux ;
- une exposition de portraits photo de Rineke Dijkstra, artiste
néerlandaise, qui saisit sur fond de décors épurés des jeunes humains
sans pose. On y voit :
- une galerie d’enfants à la plage aux USA, en Europe et dans l’ancien bloc de l’Est,
- une galerie de collégiens au parc, à Berlin, Amsterdam et Barcelone,
- une confrontation de trois mères venant d’enfanter avec trois
matadors sortant du combat,
- l’enrôlement de jeunes israéliens (avant + après l’uniforme),
- dix ans de la vie d’Almerisa, réfugiée bosnienne aux pays-bas,
- six ans de la vie d’Olivier, enrôlé à la Légion Étrangère,
- vingt minutes de jeunes gens des années 90 laissant s’exprimer leur corps sur fond blanc et musical de l’époque.
C’était brillant. J’en suis sorti transformé.
Ma promenade en ville qui a suivi était comme un rêve flottant sur mes souvenirs frais de l’endroit d’où je venais de sortir.