Post-énergie
C’est à cette heure indécente que mon invité et moi-même terminons notre petit-déjeuner.
J’avais prévu d’aller nous promener un petit peu dans l’après-midi, afin de « rentabiliser » son séjour temporaire par une séance de tourisme culturel. En fait, ça va être difficile : l’heure tardive et… la neige (!) nous retiennent.
En fait, il neige. Pas beaucoup, mais suffisamment pour humidifier et rafraîchir. C’est curieux : au retour l’année dernière, pour le même événement, il neigeait aussi. Quoique, il neigeait plus fort, même : de la grêle, du vent, des choses qui nous sont épargnées aujourd’hui.
Bref.
La nuit a été si longue et si courte à la fois !
Nous sommes partis hier soir sur les chapeaux de roue, carrément en retard, malgré un planning minutieux de ma part et en raison d’un service lent dans le restaurant où nous avons mangé. Au point d’arriver presque une heure après le début des festivités, juste à point pour le début des choses agréables.
À Utrecht, dans Jaarbeurs, un immense, local en forme d’entrepôt de marchandise et spécialisé dans la réception d’expositions et d’événements culturels. Plusieurs hectares de surface étaient convertis pour l’occasion en boîte à musique, où le spectateur n’a pour seul choix que de se laisser flotter sur les vagues de pression de l’air générées par l’amplitude du son, le tout dans une ambiance visuelle féerique, à base de faisceaux lumineux multicolores, mobiles, dessinant des motifs psychédéliques dans les volutes de fumées qui emplissaient le volume.
Et j’avais tort de m’inquiéter : mon corps a parfaitement supporté la charge physique et émotionnelle, beaucoup mieux que l’année dernière. À mon avis, une subtile combinaison de métabolisme régularisé (par ma première semaine sage à Rotterdam), de sieste additionnelle hier après-midi, d’ingestion de mes anti-inflammatoires et anti-douleurs (pour les dents) juste avant le départ, et d’économie prudente d’énergie toute la nuit durant ont contribué à me garder, sinon frais, disponible jusqu’au petit matin.
Les heures se sont écoulées, et je me suis rempli de musique.
Ce matin, j’étais soulagé de sortir, car je commençais à saturer d’intensité émotionnelle et mes oreilles commençaient à souffrir. D’un autre côté, je ne pouvais pas m’empêcher de constater à quel point la nuit était passée vite, à quel point j’étais frustré de devoir désormais attendre presque deux mois entiers avant mon prochain événement.