Contestation

Questions:

Tu fais quoi dans la vie ?

Tu viens d’où ?

Tu vas faire quoi là-bas ?

Je hais, je déteste, j’exècre, je conchie, je maudis, je rejette, je refuse, je conteste le manque d’intérêt évident et souvent perceptible des gens qui posent cette question pour la réponse qui y sera apportée.

Car la plupart du temps, la question n’est posée que pour provoquer une conversation, en se basant sur le présupposé simple que « n’importe qui » est tellement habitué à ces questions que leur réponse vient facilement et permet d’enchaîner tout aussi simplement sur d’autres sujets de conversation.

Sauf que, je ne suis pas n’importe qui.

Quand on me pose une question, j’y réfléchis et j’essaie d’y apporter une réponse précise, utile et si possible exacte.

Et pour ces questions-valise, rare sont les interlocuteurs qui se rendent compte à quel point elles me mettent dans l’embarras, me plongeant dans l’incertitude, me déstabilisant, car elles violent sans précaution l’intimité dans laquelle je plonge habituellement mon manque d’identité.

Du coup, j’y répond vaguement, laissant croire à l’interlocuteur que je ferme toute possibilité de conversation, alors qu’avant tout je me morfonds de ne pas pouvoir crier mon incapacité à y répondre, incapacité qui ne serait pas comprise et me ferait passer pour un asocial, ou au mieux un débile. Sans compter que je regrette amèrement et souvent douloureusement, après coup, devoir imposer ce malentendu à la plupart de mes interlocuteurs, un malentendu qui empoisonne souvent le début des relations.