Quelle est la couleur du soleil ?
Quand deux êtres humains regardent un objet rouge, ils sont d’accord pour le décrire, à niveau de conversation similaire, comme rouge.
Mais pas parce que l’objet est rouge.
C’est parce qu’on leur a appris que leur perception de la couleur doit être associée au mot « rouge. »
En effet, à moins de connecter les nerfs optiques d’un être humain sur le cerveau d’un autre, voire connecter la zone d’analyse des couleurs de l’un au cortex de l’autre, comment prouver que deux êtres humains interprètent la couleur rouge avec le même influx nerveux ?
De toutes façons, quelle importance ?
Dans nos sociétés occidentales, les aveugles ne sont pas particulièrement méprisés. Ils ont droit à l’indifférence, voire à un certain support logistique et social dans leur vie quotidienne.
En l’absence d’injustice sociale flagrante, on n’en entend pas parler. Qui parmi les voyants connait le quotidien d’un aveugle ? Qui d’autre que les aveugles ou leurs proches se rend compte et compatit de la pénurie de livres accessibles aux malvoyants ? Qui est capable, à moins d’être soi-même malvoyant, de savoir ce que ressent un malvoyant en entendant quelqu’un parler d’un paysage, d’un visage ou d’une situation visuelle en faisant appel à la capacité de perception partagée par l’interlocuteur ?
À l’écoute d’une telle description, je subodorre que l’aveugle ne se sent que peu concerné, ou imagine en utilisant des schémas de représentation mentale différents de ceux des voyants. Tant qu’il n’y a pas de référents (perçus) communs entre le voyant et le malvoyant, la frustration et l’envie ne sont pas nécessaires.
Jusqu’à ce que le référent commun arrive.
Voir un jouvenceau et une jouvencelle se peloter m’indiffère l’inconscient.
À tataland, je me suis senti très seul.
Il n’y a pas à dire, le meilleur moyen de ne pas se sentir seul, c’est de ne voir personne.
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