Du juste et de la volonté
Depuis quelque temps, j’ai arrêté de lire Slashdot. Principalement parce que me tenir au courant des actualités du monde dans mon domaine technique est une activité qui me déprime dramatiquement. Pour la même raison, même si j’y suis aussi abonné, j’ai arrêté de lire Bugtraq et Full-Disclosure. Pour être plus précis, je reçois les messages mais je fais attention à les marquer comme non-lus sitôt qu’ils apparaissent, en prenant garde à n’en capter aucun mot.
Hélas, ce matin, j’ai laissé s’échapper à ma lecture un message de Full-Disclosure…
Un des grands débats en cours, semble-t-il, est de savoir quoi penser des auteurs des virii qui infectent notre réseau des réseaux. Plus précisément, comment distinguer le bien du mal, le permis de l’interdit, le tolérable du condamnable, etc.
Entre ceux qui pensent que la limite se place entre la recherche purement préventive de failles chez les autres, c’est-à-dire la tolérance de l’audit anonyme et bénin, en d’autre termes le hacking dans le sens noble du terme, et la recherche active d’un moyen de nuire, en d’autres termes le cracking dans le sens condamnable du terme, et ceux qui pensent qu’absolument aucune interaction entre une personne et la propriété d’une autre ne doit être permise sans le consentement préalable et explicite de la seconde, sous peine de la pire des sentences de mort, le débat fait rage.
Parallèlement, se pose la question de la punition. Lorsque un acte de piratage a explicitement causé un dommage, c’est-à-dire rendu quelqu’un malheureux, ou selon les échelles de valeurs fait perdre de l’argent, du temps ou de l’énergie, beaucoup s’accordent à penser et dire qu’il faut trouver un coupable et lui faire regretter son geste. Voire, tout simplement le montrer sur la place publique afin que tous les offensés puissent libérer leur flot d’énergie accusatrice et se défouler.
Et alors là, se pose la question de comment déterminer la peine.
D’aucuns pensent que ce qui compte, c’est l’intention, et qu’il est déraisonnable, par extension inhumain, de condamner quelqu’un qui n’avait pas d’intention de nuire, quelque soit l’étendue des dégâts.
D’autres pensent que lorsqu’il y a faute, dégât ou malaise, il faut que le coupable soit puni, quelque soit les circonstances, afin de fournir réparation à qui de droit.
Là encore, le débat fait rage.
Rage d’incompréhension, rage d’intolérance, rage de ne pas trop savoir concilier l’intelligence qui pousse au compromis et la tolérance, et les instincts primaires qui crient dans les Moi intérieurs « tue ! tue ! » dans la logique de l’oeil et de la dent…
Et moi, je vois tous ces humains en train de disserter sur un sujet dans lequel ils prennent soit trop parti, soit pas assez, en tout cas pas de la façon que j’entends, et j’ai l’impression de venir d’une autre planète…
Et merde, une matinée de perdue en réflexions. Je déteste les informations.