Tic, Tac, fait l’horloge
Il s’en passe, des choses… Et moi, je me laisse glisser sur la vague.
Tout d’abord, ce que j’avais oublié de raconter cette semaine, c’est que j’ai visité l’école Supinfo dimanche dernier. En fait, c’était principalement pour tenir compagnie à une amie qui y est étudiante et qui déplorait avoir à passer la JPO (journée portes ouvertes) toute seule à s’ennuyer.
C’était agréable, d’autant plus que cela faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de discuter avec elle… J’ai ainsi redécouvert le plaisir de passer quelques moments d’humour et détachement, les deux choses qu’elle m’a fait découvrir il y a plus d’un an à un moment de mon existence où j’en avais besoin.
La cerise sur le gâteau, c’est qu’elle organise à la fin du mois une petite fête avec plein de gens de bonne compagnie, et que j’y suis convié. :)
Ces aspects personnels mis de côté, j’ai découvert cette école d’informatique qui se dit concurrente de la mienne, et surtout découvert comment la concurrence peut être pitoyablement déséquilibrée : les locaux contiennent quatre grandes salles de cent personnes réparties sur quatre étages, plus une salle de conférence où cinquante personnes se tiendraient difficilement sans se serrer ; il n’y a pas d’associations d’étudiants dans les locaux, seulement quelques laboratoires chargés d’une partie de la pédagogie, dont le laboratoire Apple qui est sous la responsabilité de mon hôtesse ; enfin, le tout est empreint des marques discrètes mais toutefois inévitables du culte de Microsoft, qui subventionne certaines interventions pédagogiques au sein de l’école, en échange de l’assurance de fidélité de la cohorte d’ingénieurs diplômés chaque année. Galère ! ogala !
Bon, d’accord, l’école a le mérite d’exister, et sans doute que ses ingénieurs sont compétents dans leur domaine. Après tout, ce qui compte, c’est que tous ces étudiants insouciants aient une existence heureuse et conforme à leurs attentes, après. Le reste, hein…
Ah oui mais non, et si j’étais censé avoir l’un d’entre eux pour chef plus tard, comment arriverais-je à survivre aux injonctions rituelles pro-Microsoft qu’ils ne manqueront pas de m’asséner ? Ah, misère ! Finalement, je voudrais bien qu’une telle école n’existe pas. Brulez-la !
Aparte : maudit soit mon professeur de physique de deuxième année de classes préparatoires, qui osa me déconseiller d’intégrer l’EPITA en vantant les mérites comparés de Supinfo pour mon avenir. Louée soit mon antipathie à son égard, qui plus que la raison me poussa alors à ignorer son conseil. Qu’il aille périr dans les flammes de l’enfer de l’obsurantisme.
Cela dit, il y avait un aspect positif. Dans le labo mac, je suis tombé sur un livre, dont le titre est Communication : des premiers signes à la télématique, écrit par la doyenne de l’école. Il se trouve que ce livre est génial : il aborde sur un pied d’égalité les différents thèmes de la communication, en partant des échanges chimiques au niveau cellulaire pour arriver aux principes de linguistique générale, en passant entre autres par les phénomène psychiques… Immédiatement séduit, je suis allé offrir mes hommages à son auteur ; et, ô joie ! elle m’en a offert un exemplaire dédicacé ! Glop, merci madame. :)
Mais je m’égare.
Vendredi soir, le lendemain de ma visite de l’INSIA (l’autre école), le gentil monsieur qui m’avait convié la veille m’a invité à nouveau, à aller nous distraire à la Butte aux Cailles en présence de sa bonne amie. C’est ainsi que nous avons passé quelques heures sur la terrasse du Diapason, un bar fort recommandable à la musique tout aussi recommandable, à disserter négligemment sur nos visions respectives de la manière pour chacun de gérer son avenir et nos protocoles sociaux. C’était agréable, encore.
Hier matin samedi, j’ai fait la grasse matinée comme il se doit. En fait, c’était en prévision d’un concert organisé à l’EPITA en l’honneur d’un match de rugby, et mon intérêt s’y est concentré particulièrement, non pas à cause du match de rugby, mais parce que je connais un certain nombre des personnes qui se produisaient en concert, que leur musique me sied, et que j’avais l’intention de passer quelques bons moments sinon en leur compagnie, à écouter leur oeuvre.
Ce fut un après-midi remarquable.
Tout d’abord, il faisait un temps magnifique. C’était la première fois que je sortais en plein air sans mon écharpe depuis l’épisode déplorable de mon retour de Suède. L’air était relativement léger, chose exceptionnel pour mon habitude de la pollution parisienne, et la température était idéale, c’est-à-dire suffisamment élevée pour ne pas avoir besoin de se couvrir inconfortablement, mais pas trop pour ne pas avoir à suer à grosses gouttes sitôt entamé le moindre effort musculaire.
Ensuite, la performance musicale était très valable. Je n’irais pas jusqu’à dire merveilleuse, car plus d’un groupe expérimenta alors de nouveaux morceaux, et pas toujours de manière très élégante. Mais ça restait agréable, tellement d’ailleurs que le public qui n’avait aucun engagement à rester (concert libre d’accès, en plein air) est resté, et nombreux, jusqu’à une heure avancée de la soirée.
Enfin, ce fut l’occasion de revoir plein de gens de l’école que je n’avais pas encore revus depuis mon retour, et même si je m’en étonne encore c’est à chaque fois agréable de dire bonjour à quelqu’un qu’on apprécie, même si c’est pour échanger en moins d’une minute quelques mots d’une pire banalité.
Le bilan ne serait pas complet sans évoquer trois points d’intérêt
Le premier, c’est que mon patron a donné son accord pour me fournir un nouvel ordinateur portable, un iBook d’Apple, afin d’accroître ma productivité et mon plaisir à travailler. Normalement donc, on commande la semaine prochaine. Youpi. :)
Le second, c’est l’agréable surprise qui nous a été offerte par un chanteur hier, un jeune homme fort bien proportionné qui s’est produit sur scène habillé en kilt, porté « comme il se doit » d’après une observatrice opportunément placée, et qui à partir d’un moment ne portait plus que son kilt, pour le plus grand plaisir de ces dames et d’un bon nombre de ses messieurs.
Le troisième, c’est la présence dans la foule des spectateurs de l’estimé muet et discret précédemment cité, à qui j’ai promis de rajouter les qualificatifs « obscur » et « secret » pour des raisons qui ont autant trait à son cynisme froid (le sieur dit souvent des méchancetés à sa jouvencelle) qu’à son absence de discours (poussée au paroxysme, celui de ne même pas répondre un mot à la plus simple des questions, sitôt qu’elles ont trait à lui), et qui suite à un concours de circonstances et surtout un protocole social dont je n’ai pas bien compris les rouages, m’a octroyé sous conditions douloureuses le droit de le tenir dans mes bras avec ma tête posée sur son épaule, pendant une durée suffisante pour assurer mon bonheur jusqu’à ce matin (alors que pourtant, il m’a abandonné au profit des bras de sa dulcinée à une heure précoce de la nuit).
Les conditions douloureuses, c’est qu’il ne parle pas, refuse systématiquement d’exprimer ce qu’il ressent en toute occasion, et (ré)agit en tout point comme s’il était dénué d’âme et d’intérêt personnel. Pour résumer, il répond « non » quand on (elle, moi) lui demande si un câlin le dérange, tout en interdisant par mille détails ne serait-ce que de lui poser la question de savoir s’il y trouve du plaisir.
Mais je suis patient. Vient à point à qui sait attendre, comme dirait l’autre.