Apaglop du tout du tout.
Hier soir, tout avait commencé bien. J’étais invité à un afterwork au boulot, pour boire du Glögg (une espèce de vin chaud) et manger des petites choses fort agréables. Le tout dans une ambiance chaleureuse, éclairée à la bougie, avec des sujets de conversation divers et enrichissants sur la culture suédoise (c’est comme ça qu’on apprend que le personnage du père noël avait un équivalent sous la forme d’un espèce de petit être, s’apparentant à un troll, un elfe, un leprechaun, un nain sans être rien de tout cela, et que Saint Nicolas était un garçon normal habillé en gris avant que Coca-Cola arrive avec son Père Noël obèse, rouge et blanc ; et que Sainte Lucie est un personnage italien, elle n’était pas grande et blonde à l’origine mais petite et brune).
Au cours d’une conversation, un collège explique qu’il a prévu d’aller voir la troisième partie du Seigneur des Anneaux en première au cinéma le soir, avec des amis, et que l’un d’entre eux s’est désisté. Comme par “hasard” (il a beaucoup d’autres amis mais des vues sur moi) je me vois invité pour l’occasion, et malgré mes réticences à l’encontre de l’individu, que mon patron m’a décrit lubrique et intéressé et que je ne fais pas entrer dans ma classe d’attraction, je décide de tenter l’expérience en espérant pouvoir, par la même occasion, rencontrer d’autres gens intéressants.
Me voilà donc parti pour le cinéma, et en chemin on rejoint d’autres individus, dont un fort attirant, et comble de la joie tous s’accordent à converser majoritairement en anglais (une faveur qu’on ne m’octroie que trop rarement je trouve, tant mieux pour mon apprentissage du suédois mais tant pis pour mes relations avec les gens). La soirée s’annonçait bien, en compagnie de gens intéressants et tout.
A l’arrivée au cinéma, tout allait encore bien, j’ai même pris un court cours de suédois pour apprendre à exprimer mon bien être (Gala!) et mon mal-être (Ogala!) en toutes circonstances. Premier drame, cependant: pendant ce court cours, le jouvenceau qui avait initialement attiré mon attention dans le groupe a exprimé sa honte et sa timidité, et il a fallu qu’on m’explique que c’est parce que les vocables enseignées sont exclusivement utilisés par les gays locaux et que le monsieur aux goûts différents n’aime pas ces marques de différence culturelle. Ogala n°1, donc.
S’est ensuivi le film, où les quelques répliques à connotation humoristique inopportune n’ont vraiment pas réussi à rattraper un tout choquant par son infidélité vis-à-vis de l’oeuvre originale. Non content de sauvagement charcuter des pans entiers du scénario qui sont, à mon sens, essentiels pour saisir la transcendance de l’oeuvre originale, l’auteur de ce film a eu l’outrecuidance de rajouter artificiellement des scènes de son cru (facilement distinguables: ce sont les scènes à connotation sentimentale ou héroïque, à l’américaine) et de déformer des scènes pour les rendre plus politiquement correctes (c’est ainsi qu’une sauvage combinaison suicide + meurtre d’un père et de son fils se transforme en assassinat du père et sauvetage du fils par un personnage qui n’avait rien à faire là à ce moment-là). Bref, même si le film est intéressant pour une personne qui n’a aucune idée de d’où il vient (et encore… les scènes langoureuses à la fin impatientent, puisqu’elles surviennent après la fin de l’action intéressante), il ne peut que choquer quelqu’un qui a commis l’erreur de lire les livres au préalable.
En plus, j’ai été obligé de dire que j’avais aimé le film après coup à la personne qui m’a invité, parce qu’hélas! il faut rester poli et courtois quand on se fait inviter.
Bref, je rentre, la tête un peu vide, pour me faire accueillir, ou plutôt justement pas, par un Ludo endormi et inréveillable, qui eût été incapable de savoir, au besoin, que j’avais besoin qu’on m’ouvre la porte de mon immeuble le cas échéant. Cerise sur le gâteau, l’ordinateur dans l’appartement en charge de dispenser une ambiance musicale dans les instants tendus m’a acceuilli avec les vociférations d’un ventilateur en fin de vie, me contraignant à l’éteindre en me privant d’une consolation musicale opportune.
Enfin. J’ai tout de même très bien dormi, en oubliant de faire sonner mon réveil. Tant et si bien que ce matin il était très dur de sortir du lit, devant le faire en décalé par rapport à mon horaire habituel. Raison pour laquelle, Ô désespoir, je me fais accueillir par un Kemel en colère par mon retard (ou tout du moins le paraît-il), me faisant juste après une leçon de morale selon laquelle ça ne se fait pas d’arriver en retard comme ça et que même si il tolère une certaine souplesse dans les habitudes de travail avoir deux français qui arrivent après 10h du matin au travail était au-dessus du seuil de tolérance sociale accepté dans son entreprise. M’enfin. Au moins j’aurais appris quelque chose, il ne faut jamais aller au cinéma avec un collègue de bureau.
Une journée de plus avec Visual Studio sur un écran, heureusement que ce n’est pas le mien sinon il se retrouverait dehors en pièces détachées.