Potentiels de déséquilibres

Depuis quelques semaines, à chaque fois que je vois ce jeune homme et que je pense à notre « relation, » j’étudie les coulisses de la scène, c’est-à-dire ce que je peux abstraire de cette relation en termes de « j’aime » ou « je n’aime pas. » Une manière raisonnée d’enfin commencer à poser quelques critères de bases qui me permettront à l’avenir de prévoir d’avance ce qui risque de poser problème, plutôt que de tester aveuglément et tomber bêtement amoureux de quelqu’un qui n’en vaut (pour moi) pas la peine.

Voici donc les résultats préliminaires de cette étude :

  • les bloqueurs secs d’empathie :
    • quelqu’un qui ne lit pas, qui n’aime pas lire, qui lit peu sans regretter de lire plus, ou qui n’est pas capable de s’évader dans un livre ou de se laisser prendre (son imaginaire) par un texte, c’est quelqu’un que je considère tout d’abord manquer une expérience enrichissante, puis surtout irrémédiablement incapable de comprendre une partie de ce qui me fait tel que je suis. Par ailleurs, je commence à croire important que je ne pourrais apprécier significativement que quelqu’un qui partage avec moi une bibliographie commune et significative ;
    • quelqu’un qui manipule mal sa langue principale (fut-elle écrite, corporelle, gestuelle ou picturale, voire autre) et n’exprime pas d’intérêt particulier à s’améliorer, c’est quelqu’un que je considère infirme en communication, et dont je me sens irrémédiablement éloigné et étranger (alien). Ceci tient même si cette langue principale n’est pas la mienne ou si je ne la connais pas : le point principal est un intérêt mutuel pour une communication riche, prérequis douloureusement indispensable pour ma carence relationnelle ;
    • un alterophobe (xénophobe, raciste, homophobe, etc.), quelque soit son alterophobie et qu’elle soit active, passive ou latente, me fait fuir. Quand elle est compréhensible et réversible, je peux essayer de la travailler, mais ça me fait souffrir. Quand elle n’est pas compréhensible ou réversible, elle m’est forcément nuisible directement ou indirectement, et à défaut d’en détruire la source il m’est nécessaire de m’en éloigner le plus possible. Exception faite de la gynophobie (attention, pas la mysogynie) modérée, quand elle est consciente : je ne la vis pas (encore) comme un poids ;
  • les bloqueurs secs de désir :
    • quelqu’un qui ne caresse pas ou peu, ne manipule pas sa langue, ne suce pas ou ne lèche pas, c’est quelqu’un qui ne peut pas m’apporter ce dont j’ai besoin pour ressentir du plaisir. J’aime les contacts tactiles et buccaux, j’aime me servir de ma bouche et je me sens frustré quand je n’en bénéficie pas autant que je voudrais ;
    • quelqu’un qui ne prend pas soin de son hygiène buccale, pilaire et anale (fut-ce radicalement par le rasage intégral à défaut de détergents), et sans rechercher à améliorer l’état de fait, c’est quelqu’un que je ne prendrai pas plaisir à embrasser, caresser ou lécher. Je tolère assez bien les défauts d’hygiène de la peau, je peux aimer les goûts et les odeurs forts quand ils viennent du corps (une déficience de mon odorat m’invite à apprécier ce qui le stimule malgré son insensibilité partielle), mais je ne peux être attiré par des cheveux ou des muqueuses polluées (quelles qu’elles soient). La clause exceptionnelle « sans rechercher à améliorer » est là pour signifier que je prends beaucoup de plaisir à nettoyer moi-même avant toute autre chose, si l’autre n’y voit pas d’inconvénient ;
  • les bloqueurs culturels :
    • un chrétien / musulman / juif passif (qui ne s’interroge pas sur l’influence de la religion sur son existence, qui ne cherche pas le pourquoi de sa foi et de ses rites ou qui ne prête pas d’intérêt à d’autres voies de croyances), ainsi qu’un fanatique religieux, m’apparaissent comme des humains infirmes et incomplets ;
    • un traditionnaliste, qui fait passer respectivement 1. les traditions, 2. l’avis des « anciens, » 3. sa famille ou 4. sa carrière avant 1. son avenir et celui de l’humanité 2. son expérience personnelle et celle des gens qui l’entourent 3. ses amis ou 4. son enrichissement personnel et son équilibre psychologique et émotionnel est pour moi dangeureux. D’une part je pense que c’est une attitude nuisible (et pas que pour moi) et d’autre part que c’est un frein à l’accomplissement d’améliorations nécessaires dans le monde ;
    • quelqu’un qui fait passer respectivement 1. son avenir et celui de l’humanité, 2. son expérience personnelle et celle de son milieu de vie, 3. ses amis et relations sociales ou 4. son enrichissement personnel et son plaisir immédiat avant 1. la stabilité de l’existence, 2. l’Histoire, 3. les gens qu’il n’a jamais connus, ou 4. une réflexion pour séparer ce qui est bon et ce qui l’est moins pour l’avenir de l’humanité dans son ensemble, c’est quelqu’un que je trouve dangeureux. D’une part je pense que c’est une attitude nuisible et égoïste (même si c’est la mienne quelque fois), et d’autre part que c’est un risque pour la stabilité du monde.