« Blondes, paf, photo »

En rentrant de la FNAC, il y a quelques minutes à peine, une affiche attira mon attention : on y voyait une jeune femme, aux cheveux blonds, en train de disposer la dernière brique dans un jeu pour bébé (faire correspondre les briques aux cavités de même forme). Au-dessus, le slogan : « 99% des blondes qui jouent à la PS2 ont in QI exceptionnellement élevé » (ou quelque chose du genre). Je sais pas pour vous, mais en plus des 1% restant, je suis relativement gêné par toutes celles qui ne jouent pas à la PS2.

À peine quelques minutes plus tôt, je me faisais aborder par un jeune homme qui haranguait les passants pour leur présenter le fascicule du Paf, un petit condensé artistique créé pour donner à une quête de charité l’apparence d’une distribution de presse. Dans la mesure où j’avais « acheté » l’objet récemment et que j’étais pressé, je ne me suis pas attardé. Cela dit, j’ai été interpellé par la rapidité d’expression du vendeur, que j’avais remarquée chez le vendeur précédent et un jeune homme aux activités similaires rencontrés quelques mois plus tôt devant un cinéma. Ils se comportent comme si leur vie dépendait de la rapidité à laquelle il transmettent leur discours aux passants. Quoique… Leur vie en dépend peut-être un peu. Mais tout de même. Même si je suis relativement habitué aux interjection volubiles, je trouvais qu’il parlait trop vite ; j’imagine sans peine l’incapacité du passant au français quelconque à saisir quelque mot que ce soit d’une expression pareille. La première fois, étant disposé dès le premier contact à satisfaire son besoin, j’avais pris la peine de rassurer le jouvenceau en lui disant qu’il pouvait me parler plus lentement, que j’étais déjà convaincu ; en voyant qu’il ne comprenait pas ce que je voulais dire, j’ai abandonné, je lui ai laissé perdre son souffle, et je lui ai fait répéter ; sans souffle, forcément c’est devenu plus clair, et seulement après je lui expliquai qu’il était plus agréable pour l’interlocteur de l’entendre à rythme normal, et seulement alors il avait compris. Sauf que, aujourd’hui je n’avais point le temps de procéder de même.

Mais tout ceci m’éloigne de ma préoccupation initiale.

En fait, depuis hier soir, une idée me trotte en tête et me préoccupe en arrière-plan de conscience.

Hier, j’ai passé quelques instants ludiques devant des photos. Parmi les exhibitions érotiques voire purement sexuelles, il y avait quelques instantanés de tendresse, dont quelques baisés volés par l’objectif dans des situations spontanées.

Et là, c’est le drame : double constatation. La première, que je ne me suis jamais *montré* exhibant de la tendresse pour quelqu’un, encore moins devant un objectif. La deuxième, que j’en meurs d’envie. Surtout à l’improviste.

En fait, triple constatation : la troisième, c’est que ce n’est pas de sitôt que ça risque de se produire. Pour plein de raisons, certaines de mon fait et purement arbitraires, mais pas toutes.