Le réveil a été difficile, ce matin.

D’une part parce que j’ai suffisamment bu hier, surtout de manière trop variée, pour que ma tête me le rappelle au sortir du lit. Mais aussi parce que ma très chère maman tenait à que nous allions courser nos emplettes avant le débarquement des hordes de furies du samedi midi dans les magasins.

Le but était quadruple : me trouver mes cadeaux d’anniversaire, un manteau et pour elle des bottes. Ça fait quatre, parce qu’il y a deux cadeaux, dont les spécifications étaient entendues depuis longtemps : The Picture of Dorian Gray de Oscar Wilde et un casque audio pour ma musique.

Nous avons commencé par la librairie anglaise, W.H. Smith, au bout de la rue de Rivoli, juste à côté de l’ambassade des U.S.A. C’est une grande librairie, mais pas si grande tout de même (moins que la FNAC des Halles, par exemple) et j’en ai profité pour offrir à ma génitrice une copie de Sixty Million Frenchmen Can’t Be Wrong, dont je pense qu’elle appréciera la teneur encore mieux que ce dont j’ai été capable.

La suite s’est terminée sans bottes ni manteau, et a failli se terminer sans casque.

Après être passés devant un magasin spécialisé dans le matériel audio et vidéo haut de gamme, mais à la vitrine d’atelier de conception esthétique plutôt que technique, nous nous sommes dirigés lentement et sûrement vers le Darty le plus proche, c’est-à-dire celui des halles.

S’est ensuivie une saga assez complexe, durant laquelle ma chère maman me quitta après notre repas au Café Rive Droite, et durant laquelle je retournai deux fois chez Darty pour cause d’insatisfaction avec le produit.

Car, ce jour me l’appris, le casque qui m’accompagnait jusqu’alors est un casque de très très très bonne qualité, et il s’est avéré très difficile de le remplacer (d’ailleurs, pourquoi le remplacer s’il était si bien ? hélas, sa mousse est tellement usée qu’il en devient inconfortable, et un faux-contact au niveau de sa prise oblige à appuyer dessus en permanence pour avoir une qualité de son optimale).

Bref.

Aujourd’hui, j’ai découvert plusieurs trucs :

• les vendeurs Darty de ce magasin sont incompétents ;
• mon ouïe est plus fine que ce que je croyais ;
• dj GT ne vaut rien pour moi (lire : je ne ressens rien) si écouté par des haut-parleurs de qualité insuffisante ;
• pour une description technique identique, il y a vraiment une différence de qualité d’écoute entre deux casques de prix différents. Que la peste s’abattent sur ces fabricants qui ne décrivent pas toutes les caractéristiques de leur matériel sur la boîte !

L’heureux élu est un casque Sony pliable, modèle MDR-V500, et je suis en train de lire Oscar Wilde en édition Penguin Popular Classics.

Ce bouquin poutre tout autant que le casque. Comme je le pressentais, il va lui aussi m’emporter et me transformer, et j’attends avec impatience ses effets.

For nearly ten minutes he stood there, motionless, with parted lips, and eyes strangely bright. He was dimly conscious that entirely fresh influences were at work within him. Yet they seemed to him to have come really from himself. The few words that Basil’s friend had said to him — words spoken by chance, no doubt, and with wilful paradox in them — had touched some secret chord that had never been touched before, but that he felt was now vibrating and throbbing to curious pulses. > Music had stirred him like that. Music had troubled him many times. But music was not articulate, It was not a new world, but rather another chaos, that it created in us. Words! Mere words! How terrible they were! How clear, and vivid and cruel! One could not escape from them. And yet what a subtle magic there was in them! They seemed to be able to give a plastic form to formless things, and to have a music of their own as sweet as that of viola or of lute. Mere words! Was there anything so real as words?

Yes; there had been things in his boyhood that he had not understood. He understood them now. Life suddenly became fiery-coloured to him. It seemed to him that he had been walking in fire. Why had he not known it?