Le rouge et le bleu

Lorsque dimanche dernier je suis parti de chez ma maman pour aller chez Mona, j’étais habillé en rouge, et les affaires de cuisine étaient enfermées dans ma petite valise, rouge aussi. Compte tenu de ma coloration capillaire actuelle (blond-roux)…

Remarque opportune de Sylvain qui m’accompagnait : si on ne te connaissait pas, on pourrait croire que tu aimes le rouge.

Le fait est qu’effectivement le rouge n’est pas ma couleur préférée. Certes, quand j’étais tout petit, je prétendais que l’équilibre de la nature résidait dans l’équilibre du vert, qui représente le règne végétal, et le rouge, qui représente le règne animal (pour moi alors réduit aux mammifères bipèdes qui m’entouraient). Cela étant, jamais jusqu’à récemment je ne me suis demandé quelle était la couleur qui habille le mieux les divers objets ou personnes qui s’offrent à ma vue, tant finalement le spectacle du monde autour de moi est générateur d’un perpétuel émerveillement (même aujourd’hui) qui ne laisse pas place à la préférence, parmi deux formes de pareil intérêt, d’une couleur par rapport à une autre. Par ailleurs, je crois pouvoir dire que ma mémoire visuelle ne s’empreint que très peu de la couleur de ce que je vois, caractère particulier que j’ai pu déterminer devant mon inaptitude à me remémorer la couleur de peau de quelqu’un que je n’ai rencontré qu’une fois ou deux, par rapport (par exemple) à sa couleur d’yeux ou son style vestimentaire.

Bref. Il est donc vrai que toutes ces images rouges que je laisse se dégager de ma personne et de ses produits (exemple : ce site web) crée un paradoxe avec une réalité où je me sens beaucoup plus à mon aise dans un environnement à la luminosité contrastée mais uniformément bleue.

Uniformément ? Peut-être pas totalement quand même. Je tolère les variations - un petit violet de temps en temps, voire mauve, ne me gêne pas et apporte une touche d’originalité à cet idéal monochrome. Force m’est tout de même de constater que le vert, le jaune et l’orangé ont le don de m’exaspérer passée une certaine durée d’exposition, et que, probablement, je ne tolère le rouge que parce qu’il est sur moi et que je n’ai pas l’habitude de me regarder moi-même.

Et donc, pourquoi cette manie de me vêtir de pourpre, de carmin ou de piment ? Ce n’est pas un raisonnement conscient, mais je suis séduit par une proposition qui m’a été faite qu’il se pourrait que j’utilise là un moyen de me faire remarquer, tant il est vrai que le rouge ressort de l’ordinaire beaucoup plus que le bleu, qui par sa nature douce le rend finalement assez discret.

Et le drame, dans l’histoire, c’est que mon moi intérieur est heurté par l’idée d’un monde tout bleu avec moi seul en rouge au milieu. Il est donc nécessaire qu’ou bien je sois éternellement insatisfait à ne pas m’entourer de ce qui sied le mieux à mes sens, et que j’apprenne à m’adapter dans un environnement bariolé, ou bien que je change mes habitudes de couleur, soit en trouvant des charmes à d’autres combinaisons chromatiques, soit en adaptant les miens à celle que j’affectionne.

Ogala !