Exploration interne

Ce matin comme prévu je suis allé subir une « sigmoïscopie » (je ne suis pas sûr de l’orthographe. Il s’agit de l’exploration visuelle de la troisième partie du gros intestin, où mon docteur soupçonne certaines anomalies à l’origine des divers maux que je subis depuis quelques mois.

L’examen en lui-même est assez court, et consiste en l’introduction d’un tenta^H^H^H^Hube muni d’une caméra et de divers instruments par l’anus, et son avancée par pression jusqu’au premier repli de l’intestin. Le mouvement est simplifié par l’introduction d’air qui déplie l’intestin et donne l’espace nécessaire à la motion du tentacule et la visibilité de la paroi intestinale pour la caméra. Le tentacule est tout d’abord avancé rapidement le plus loin possible, puis retiré peu à peu en enregistrant le paysage qui défile jusqu’à la sortie. Au besoin, une petite pince qui accompagne la caméra prélève des échantillons de tissus sur le chemin (3 dans mon cas) pour analyse.

Conceptuellement, cet examen est analogue à la coloscopie, mais en diffère sur deux aspects essentiels :

  • la sigmoïscopie n’explore que la dernière partie du côlon, tandis que la coloscopie va jusqu’à l’embouchure de l’intestin grêle ;
  • la coloscopie s’opère sous anésthésie, mais pas la sigmoïscopie.

Evidemment, les sensations pendant l’examen était très différentes de ce à quoi je m’attendais et m’étais préparé. Au lieu de devoir me présenter nu devant un éphèbe, une infirmière m’a demandé de me déshabiller du bas derrière un rideau puis de m’allonger sur la table d’examen où elle a chastement déposé une couverture sur mes parties dénudées, avant l’arrivée du docteur et de son assistante (ou stagiaire). La pénétration était très rapide et totalement indolore, probablement grâce à un gel analgésique appliqué sur l’anus. Le mouvement de la sonde est indolore, mais procure une sensation étrange, celle d’avoir un animal vivant en train de visiter son fondement. Les prélèvements sont indolores eux aussi, et j’ai été étonné par la faible quantité de sang libérée par la déchirure.

L’aspect désagréable, c’est la préparation à l’examen. Même si je m’étais préparé psychologiquement et logistiquement à la purge et en ai profité pour avancer de plusieurs chapitres dans un petit livre que j’ai posé à l’occasion dans ma salle de bains, je ne m’attendais pas du tout au goût écœurant de la potion devant provoquer la purge. Malgré les glaçons, le jus de citron et le sucre conseillés sur l’ordonnance, au bout du deuxième litre je n’avais plus du tout envie de finir la dose (deux autres litres). Avec beaucoup de courage et de détermination j’ai pu me résoudre à ingurgiter le troisième litre, mais en voyant que l’effet escompté était déjà atteint j’ai totalement abandonné le projet de commencer le quatrième. Je crains déjà la prochaine séance, et seulement pour cette raison.

La semaine prochaine, j’aurai les résultats de l’examen, et je saurai à quoi m’en tenir.