À chaque jour suffit sa peine

J’étais en arrivant bien sûr préparé à beaucoup de changement et donc prêt à beaucoup d’efforts pour m’adapter.

Ce qui me surprends, c’est que je me rends compte seulement maintenant que je ne savais pas quoi allait changer.

Lorsqu’on vit quelque part pendant un certain temps, on intériorise assez vite un certain nombre d’invariables logistiques, pratiques ou culturels liés au milieu de vie. Par exemple, le fait de ne pas avoir de supermarché près de chez soi, le fait que les gens sont de mauvaise humeur le matin, le fait que les trottoirs ne sont pas très propres, ou encore le fait qu’il y a un rapport fixe entre le nombre de mètres carrés dans un logement, la renommée du quartier et le prix mensuel à payer pour habiter. On les intériorise, ça donne une structure générale au rythme de vie, et ensuite on se fait sa propre vie en jouant avec les paramètres restants libres.

Je suis arrivé ici en connaissant deux des principaux invariables que je pourrais rencontrer : la barrière de la langue, et le fait que les personnes n’ont pas tendance à créer des liens entre elles à moins d’avoir des intérêts communs préalables. J’ai découvert en quelques jours beaucoup d’autres invariables forts qui pour moi personnellement n’ont aucune importance : le fait que la ville est neuve et donc a « perdu » son histoire, une population très hétérogène, des distances très grandes, une petite densité de population, etc. Maintenant, j’attends de me heurter aux invariables qui me poseront problèmes. Paradoxalement, ça me ferait du bien : j’en ai vraiment besoin pour ne pas me laisser flotter, pour savoir où est-ce que j’ai placé un compromis.

Bref.

En attendant, je vais avancer pas à pas.

Ma première semaine a déjà été plutôt efficace : je suis rentré dans le bain de mon nouvel emploi, annoncé mon arrivée aux autorités locales, ouvert un compte bancaire (le système bancaire est vraiment irréprochable ici), découvert les boutiques du coin, passé un examen de langue qui me rend éligible pour un cours de niveau 2 dans un centre où je devrais (normalement) commencer lundi prochain d’autres cours de langue (je garde mes cours particuliers en parallèle).

La deuxième semaine sera moins logistique et plus laborieuse dans le sens étymologique du terme. Mais pour pas que mon rythme s’éteigne comme un soufflet mal cuit, il faut que je me programme des choses à faire.

Donc :

  • ce soir : courses
  • demain : lessive, cours de néerlandais et promenade,
  • demain soir : Trance Energy
  • dimanche : dodo

Ça me semble déjà bien pour commencer.