La musique, ça marche

Quelques degrés d’alcool dans le sang (de la vodka, de la pomme !) et de la bonne musique dans les oreilles, c’est tout ce qu’il me faut pour trouver cette journée agréable.

D’aucun me rappelle qu’il y a des gens qui se promènent dans Paris pour profiter du beau temps en société. Même si je connais l’existence de cet événement depuis trois ans déjà (qu’est-ce que je vieillis !), je n’ai toujours pas l’intention de m’y montrer : je n’aime pas la chaleur, et je n’aime pas errer sans but. En plus, mon dos me rappelle régulièrement à quel point il désapprouve toute forme de déplacement bipède lent (en comparaison au déplacement octocyclopède, par exemple).

Des fois, je me suis demandé à quel point je pouvais tolérer de moi-même mon manque d’engagement et de militantisme là où même très peu d’instants investis de mon temps pourraient (peut-être) aider à améliorer le sort de personnes beaucoup moins fortunées. D’autant plus que j’admets volontiers avoir des prédisposition pour communiquer mon mécontentement et mes critiques envers toute situation que je trouve désagréable ou améliorable, fusse-ce par oral ou par écrit.

Ces questions m’ont amené à réfléchir, beaucoup plus que je ne l’avais prévu d’ailleurs. Et presque toutes mes pensées à ce sujet ont convergé vers la question suivante : est-ce que je crois suffisamment au pouvoir d’évolution des mentalités humaines pour passer du temps à expliquer aux membres de l’entourage des autres moi-même comment rendre la vie de ces autres moi-même plus agréable ?

À ceci, j’ai trouvé deux réponses :

  1. non, je n’y crois pas. Je vois beaucoup plus de bêtise et de méchanceté que d’actes beaux et agréables. Je suis convaincu que les volontés individuelles de réfléchir aux actes et aux paroles et à leur perception par l’entourage sont des volontés isolées et exceptionnelles ; que la plupart des personnes qui vivent dans ce pays et dans le monde ne sont plus capables de changer leur manière de concevoir la morale et les catégories, et que toute tentative dans ce sens est vouée à l’échec, ou à une incomplétude désagréable ; que l’être humain a une tendance prédominante à l’individualisme et le conformisme, et que toute culture qui incite à autre chose concerne des populations minoritaires, dominées et souvent exploitées ; et surtout que la seule manière d’insuffler dans une personne l’étincelle de ce qui fera d’elle quelqu’un d’intéressant et de bien est de l’insuffler très tôt et dans des conditions d’éducation particulières : deux choses qui sont hors de ma portée tant que je ne consacrerai pas ma vie à l’éducation.
  2. même si ça peut paraître comme un cas de renardise et de venaison en avance (hint: La Fontaine), je pense qu’il y a des sujets d’intérêt autrement plus préoccupants que l’homophobie en France. Des questions de liberté, par exemple. De respect des femmes. D’enseignement de l’Histoire. De culture du respect de l’homme, en comparaison à celui des marchés. Et d’un point de vue un peu plus égocentré, de mes relations avec les gens bien que je fréquente, à commencer par mes amis.

Tout ça pour dire que après mon cours de néerlandais cet après-midi, je préfère aider un ami à écrire son programme en C++ et un autre à se motiver pour son rapport de stage, plutôt que d’aller suer sous le soleil avec un tas de folles hurlantes.

Plus sérieusement. Sur le conseil de Matoo, je vais de temps en temps prendre une cure d’anti-homophobie en réécoutant les extraits sonores chez Freaky doll. C’est important, parce qu’il est hors de question pour moi de rester ignorant de l’existence de ce genre de choses. Par contre, contre toute attente je me suis surpris à découvrir que ces témoignages me font rire, plutôt que pleurer. La bêtise humaine me fait rire, alors que peut-être je devrais en avoir peur. Mais je n’ai pas peur. Pourquoi ? Là aussi, j’ai réfléchi. En fait, là aussi mes pensées se sont focalisées autour d’une question : que se passerait-il si je me trouvais à côté de personnes aussi « différentes » ?

Plusieurs cas de figures :

  • nous n’avons rien à nous dire : je ne dirai rien. Je suis assez individuel comme garçon : je n’ai pas (plus) tendance à dire au con à côté de moi qu’il est con si ça ne me gêne pas directement qu’il le soit.
  • j’ai besoin d’un service de la part du con : je ne dirai rien non plus. Qu’il s’agisse d’homophobie ou de stupidité pure et simple, quand on veut négocier il faut toujours insuffler un sentiment de supériorité à celui qu’on veut exploiter. Ça simplifie la négociation.
  • je dois vivre en compagnie du con : deux cas possibles.
    • si c’est temporaire, je ferai un effort pour tolérer sa connerie, parce que je n’aime pas dépenser de l’énergie en investissement à court terme.
    • si ça doit durer, rien ne va plus. Seuls trois cas de figures sont possibles, que j’essaierai à tour de rôle :
      1. lui faire comprendre sa connerie par la manière douce, et essayer de le faire évoluer en lui laissant croire que c’est dans son intérêt.
      2. le fuir. Des fois, aller ailleurs est plus simple pour moi que de dépenser de l’énergie à me faire comprendre de mon entourage.
      3. me débarrasser de lui, tout simplement.

Concernant ce dernier point, toutes les règles sont permises, pour moi. Notamment, dans un cas extrême je me vois très bien égorger ou étrangler de mes mains un autre être humain dont le comportement nuit directement à mon bien-être. Je n’ai absolument aucune pitié envers la connerie, et je suis aujourd’hui certain que je ne tolérerai jamais aucun mal-être à long terme chez moi par le fait d’une connerie intraitable.

Oui, en fait, je me vois très bien détruire la vie de quelqu’un qui m’aurait nuit. Et j’y pense avec beaucoup de froideur.

Par exemple, la petite dame de Bègle, si un jour elle est la cause d’une dégradation de ma qualité de vie simplement par son dégoût des homosexuels, je lui rendrai la vie difficile. Très difficile, et je pourrais passer beaucoup de temps à la rendre difficile. Et paradoxalement, je ferai tout pour que son enfant reste heureux pendant que je la rendrai malheureuse, parce que je pense qu’il n’a pas à souffrir de la bêtise de sa mère.

Heureusement, ces aspects de ma personnalité sont rarement sollicités. Parce que ma patience préliminaire est tout de même très très grande.