Fenêtre sur le virtuel

Petite pause du soir avant d’aller dormir…

Je suis fatigué, j’ai mal aux jambes, aux pieds, aux muscles, au dos, à force de rester debout à parler toute la journée durant, sans compter les difficiles voyages en transports en commun aux heures de pointe. (En pasasnt, qu’est-ce que c’est stupide, un humain qui essaie de rentrer dans un wagon déjà bondé !)

Bref.

Samedi matin, je pars au ski. Une semaine. Six jours, si mes forces me le permettent et que mon corps reste intègre tout ce temps-là. En fait, je crains plus le soleil que la neige ou les chocs. J’ai déjà passé des moments fort désagréables à ne pas pouvoir dormir la nuit à cause des coups de soleil, et donc ne pas pouvoir skier le jour suivant à cause de la fatigue. Et d’un autre côté, je n’aime pas le contact de la crème solaire.

C’est chouette le ski. Le plus chouette, c’est de partir en vacances, en fait. D’autant plus que j’ai bien préparé mon coup, en me fixant un emploi du temps fixe et un champ d’obligations limité cette semaine pour ne pas ressentir d’incomplétude en partant. Ce qui va être dur, c’est de vivre plus de six jours dans un endroit inconnu avec des vrais gens bien autour de moi : ça fait plein d’occasions de décevoir, et probablement plein d’occasions où je voudrais rester seul et où je ne pourrai pas. En attendant, je prendrai un stock de vodka.

Et de chocolat.

Et le plus difficile, c’est de ne plus pouvoir passer une demi-journée sans pensée lubrique, sans m’imaginer ou imaginer autrui dans des situations de commerce charnel. C’est déprimant, et surtout nuisible doublement à ma confiance en moi : d’une part je me déçois de ne plus arriver à me satisfaire moi-même, et d’autre part je désespère de ne savoir remédier à cette situation en trouvant moyen de commercer charnellement avec d’autres êtres humains réellement palpables. En attendant, j’analyse mes pensées, j’en profite pour cerner et reconnaître mes fantasmes, et j’ai même réussi à tirer quelques conclusions constructives de cette situation tendue (sans jeu de mot) : mes désirs ne sont pas les mêmes selon mon humeur, et les attitudes sexuelles qui m’excitent le plus ne sont pas les mêmes en fonction du type de personne qui y sont impliquées. J’y vois signe d’une versatilité potentielle qui m’enchante d’avance, tant je crains par ailleurs les ravages de l’habitude qui vient avec l’âge. J’écrirai probablement des détails précis et explicites une fois que j’aurais suffisamment répété dans mon imaginaire et que je serai capable de reconstituer les images avec des mots.

Cet après-midi, j’ai pris un thé sur une table en extérieur. C’était doublement agréable : plaisir de la pause, cumulé au plaisir de voir le ciel dans la table. Le principe est simple : la table est un miroir, et il faisait beau. Je me complus à m’imaginer dans une situation où la gravité s’inversait subitement, où à un moment donné le haut se transformait en bas et inversement. J’ai cherché à imaginer comment les gens en intérieur réagiraient, s’ils chercheraient et trouveraient un moyen de rester accrochés à la terre et d’y vivre, où s’il rejoindraient le reste de la population en se laissant tomber dans le ciel. J’ai cherché à imaginer l’évolution du temps dans la chute dans le ciel, en supposant que l’atmosphère était d’épaisseur infinie et que le ciel était toujours aussi clair qu’au moment où je le regardais dans cette table. En prenant en compte les propriétés aérodynamiques du corps, j’ai essayé d’imaginer si les personnes en train de chuter préfèreraient ralentir au maximum ou foncer en piqué, en analysant les avantages relatifs des modes de chutes en terme de capacité à rattraper ou se laisser rattraper par ceux qui seraient plus bas ou plus haut… pour en arriver à la question de savoir si les gens auraient plutôt tendance à rester les uns avec les autres pour chuter en groupe, où si chacun s’isolerait pour communier avec l’immensité. Evidemment, ma lubricité s’est introduite au bout d’un moment dans ces réflexions pour imaginer un couple copulant dans ces conditions, mais c’était vraiment trop difficile à imaginer donc j’ai préféré arrêter la pause et retourner travailler.

Quelque part, je soupçonne que cela ferait probablement le thème d’un magnifique roman onirique.

Enfin, en arrière-plan de certaines activités hier j’ai tenté de reconstruire l’opérateur Y en Python, de tête et à l’aide de mon intuition. Je n’y suis pas arrivé, mais je retenterai demain.