Retour vers le passé (proche)

Rétrospective à propos de lundi dernier.

Préalablement à la séance du Merle, j’avais rendez-vous pour aller manger avec deux lurons déjà fréquentés. Et comme la fois dernier, j’en rencontrai un avant l’autre, et nous débutâmes la soirée au restaurant avec un apéritif.

Ainsi que le protocole social l’exigeait, je commençai par raconter mon week-end, notamment la discussion qui m’occupa dimanche sur les us et coutumes vestimentaires en entreprise.

Et là, quelles ne furent pas ma stupeur et ma consternation quand petit à petit mon interlocuteur me fit comprendre comment il trouve son confort dans le moule de la convention et des traditions. Comment il pratique la galanterie spécifiquement envers les femmes, en mélangeant joyeusement le prétexte de respect et le fond de séduction. Et comment, clef de mon désarroi, il trouvera plaisir à se marier à l’église, aimant les cérémonies et la valeur du symbole.

Pour couronner le tout, j’ai appris pendant cette conversation que j’étais « trop original » et que je devrais « mettre de l’eau dans mon vin » si je voulais « être apprécié par les gens normaux. »

Après le coup de la cérémonie à l’église, une envie furieuse de le planter là et de court-circuiter la soirée m’a empreint soudainement. Heureusement, un petit vin rosé agréable a adouci mes mœurs et j’ai ainsi supporté avec beaucoup plus de diplomatie et de tolérance le reste de la conversation, notamment le passage où le cuistre expliquait comment son week-end avait été réussi, ayant réussi à « serrer » une nana mais « sans coucher, jamais rien le premier soir. »

Sauf que, les effets du vin se sont amenuisés, et lorsque nous sommes arrivés au Merle il m’était nécessaire d’y remédier efficacement. Sur un litre de cervoise, j’ai du en boire un tiers en dix minutes, espérant oublier encore une fois le choc de la conversation.

Et là, ce fut l’accident, le drame. La cervoise et la musique ont échoué à me détendre.

Alors je suis parti. Avant minuit, fait exceptionnel.

Deux jours plus tard, je mangeai à midi avec ma responsable, et je lui racontai. Compréhensive, elle a synthétisé la situation : il y a des cons partout, et ça fait mal d’en trouver là où on attendait autre chose. (aparte: rétrospectivement, cette synthèse pourrait aussi s’appliquer à une autre situation passée ) Et pour me consoler, elle m’expliqua comment ce n’est pas irrémédiable, que mon interlocuteur est encore jeune et qu’il est encore temps pour lui de changer.

Oui, mais quand même.