Lassitude

Déprime en cours…

Pas de bol, je pensais l’avoir laissée derrière moi il y a deux semaines.

Heureusement, cette fois elle est très bien isolée, comprise, et délimitée dans le temps (demain elle n’existera plus).

Pour le contexte, hier j’ai organisé une petite soirée chez moi, où il s’agissait d’inviter des gens bien pour quelques moments agréables.

Le résultat était réussi.

Et puis la nuit s’est étirée. Les gens sont partis peu à peu. Et je me suis endormi tout habillé.

Et je me suis réveillé aujourd’hui, avec l’impression d’avoir rêvé, que cette conjonction de conditions que j’avais secrètement désirée si longtemps n’a eu lieu que dans mon imagination.

Avec l’impression d’être vide.

C’est comme un zombie, un fantôme, que je me suis levé aujourd’hui, que j’ai donné à manger à mon chat, que j’ai nettoyé la moquette et mon tapis. Que j’ai accompagné ma voisine et son homme au McDonald’s ce soir.

Demain, il y a la rentrée à EPITA. Il ne faut pas que j’oublie d’aller déposer mes chèques pour le séminaire d’intégration.

Je voudrais y être étudiant. Ou ACU. Comme il y a deux ans.

Je suis nostalgique de ces deux ans. Je voudrais me retrouver, comme à ce moment-là, dans un monde où j’ai la certitude à chaque moment que je fais quelque chose qui me plaît et de la façon qui convient le mieux à mes convictions et à ceux pour qui je le fais.

Dans ma tête, tout se mélange. Les bons souvenirs, ponctuels, le souvenir de toutes les phases de déprime avec leurs causes, les gens agréables avec qui je me sens bien, la volupté de ma solitude suédoise avec l’intensité des événements comme celui d’hier soir…

Vendredi, j’avais un rencard avec un garçon rencontré sur Rezo-G. Nous sommes allés nous désaltérer et faire connaissance au Sous-Bock, suite à quoi nous sommes allés manger à Villa Keops, pour ensuite rentrer tranquillement à pieds en passant par un café égyptien à côté de la place de la Contrescarpe, où nous avons pris un thé et un dessert fruité. Oui, que des endroits déjà connus. C’était une soirée riche intellectuellement, j’ai redécouvert le plaisir d’une conversation avec quelqu’un qui a de la repartie, celui d’apprendre quelque chose de nouveau à chaque détour de la discussion. Mais, en arrière-plan, je ressentais une superposition de la difficulté d’établir un lien à partir de rien (vive les sites de rencontre) avec l’impression générale d’avoir en face de moi quelqu’un dont les réflexions seraient inéluctablement toujours plusieurs étapes en avance par rapport aux miennes. Déséquilibre. Malaise.

Pas de sexe ce soir-là, affaire à suivre.

En fait, je ressens déjà la routine de mon travail. Mauvais pour la motivation.

Mon hébergeur, Zettai, abandonne la formule d’hébergement que j’utilise à partir de l’année prochaine. Il faut que je trouve autre chose, et je n’ai pas encore trouvé de substitut.

J’avance petit à petit dans l’ Introduction à la Sociologie. Une ou deux pages pour chaque trajet de métro, j’ai franchi la soixantième cette semaine. J’en ai déjà assez, mais je vais continuer. Simplement parce que je ne sais pas quoi lire d’autre qui me cultive.

Je tourne à vide. Depuis un an, je provoque les expériences positives et les moments agréables en dépensant à chaque fois beaucoup d’énergie, pour aboutir à un événement éphémère et un souvenir qui s’efface très (trop) vite.

En fait, je découvre et j’accepte petit à petit la vacuité de mon existence.

Double constat :

  • j’ai abandonné le potentiel de devenir et faire quelque chose de spécial pour me plonger à corps perdu dans la médiocrité, en suivant le mirage des bénéfices de la socialisation ;
  • en plantant des ancres affectives au passage, je me suis irrémédiablement barré la voie du retrait discret de l’existence.

En fait, je me suis voué à une existence d’invisible, qu’on ne voit qu’en cas de problème.

Je ne suis rien. Un nom, un visage, quelques instants anodins dans la vie des gens autour de moi.

Saleté de Rezo-G, qui me balance ces constatations sordides à la figure.

Demain soir, le Merle, qui absoud de toutes les déprimes. Lavage de cerveau, et ça repartira pour un tour.