Rift

La fracture de ce week-end a ouvert un rift que je vois mal pouvoir se refermer.

Il y a, d’un côté, ma faiblesse humaine d’instinct grégaire, celui d’avoir besoin de compagnie pour me sentir bien. Avec tous les sacrifices nécessaires que cela implique, celui d’indépendance, de fierté, et de richesse des échanges par l’obligation de consensualité.

Et de l’autre, mon dégoût de la normalité, mon inconfort dans la consensualité, et mon besoin de communication, qui m’imposent de rejeter les référents communs et en poser des nouveaux, qui, en fin de compte, m’aliènent. Et ma mécréance dans l’honnêteté humaine et l’attention des humains envers leur prochain, qui fait que je douterai de plus en plus de la sincérité des émotions exprimées. Les miennes y compris.

Maintenant que cette séparation s’est faite, je l’observe. J’en souffre, probablement sous le coup de la rupture, et c’est là la source de la « dépression. » Mais je commence à prendre du recul.

Il me fallait beaucoup d’indifférence, de vide réflexif et surtout de tolérance envers mes propres paradoxes pour réussir à concilier ces deux bords, et mes exigences intérieures de consistance m’en empêchent désormais.

Que va-t-il se passer ? Plusieurs directions sont possibles :

  • je pourrais jouer le jeu social en gardant mon insatisfaction pour moi, mais ayant conscience de son hypocrisie ;
  • je pourrais arrêter de jouer le jeu social, quitte à être malheureux d’être seul, mais ayant conscience de la source de ce malheur ;
  • je pourrais me lobotomiser, pour me réconcilier avec la consensualité et les référents communs ;
  • je pourrais me dévouer à une relation de couple ou à un groupe, en vivant pour d’autres personnes pour oublier mes propres exigences, en perdant mon indépendance d’existence.

Il va falloir choisir. Et je ne crois plus en l’existence d’un « juste milieu. »