Kleenex shortage

Plus de kleenex, et le sopalin ça rape la peau des joues. On va dire que je vais arrêter les larmes pour aujourd’hui.

Je commence à comprendre ce qui a permis de décorer le toit de la chapelle Sixtine et d’écrire les sonnets de Shakespeare : j’ai l’impression que les plus belles œuvres d’art sont issues de la passion et de la frustration… À croire que seules ces dernières arrivent à exacerber la sensibilité et l’expressivité, voire même la provoquer chez ceux qui ne se trouvent par ailleurs aucun talent ; comment sinon expliquer que ma capacité à donner dans les vers à douze pieds ne s’exprime qu’au minima globaux de mes courbes d’humeur, ceux qui impliquent quelqu’un de spécial ?

Demain, en y repensant, je trouverai sans doute la situation ridicule, et pathétique mon acte de ce matin constistant à regrouper les quelques portraits volés de ceux qui ont volé mon cœur en une gallerie nostalgique. J’ai l’impression d’incarner en ce moment tous les schémas de faiblesse que j’abhorre d’habitude, sans m’empêcher de penser à tout ce dont je me sens capable, passionément, envers mon prochain… Enfin, pas n’importe lequel, mais bon.

Heureusement, d’ailleurs, que je ne compte pas les « points raph » disséminés de par le monde, ces jetons conceptuels inventés par une acquaintance passée consistant à offrir, en gage de reconnaissance, un bout de ma vie à venir à certaines personnes qui ont eu le mérite ponctuel de changer mon existence à un moment ou à un autre. Pour l’anecdote, la définition originale du concept est d’engager de manière définitive la garantie d’être disponible et soumis à la volonté de la personne détentrice du « point, » à un moment ponctuel (et un seul, il ne s’agit pas de se vendre en esclavage), l’utilisation du point l’annulant bien entendu. En y repensant, il y a quelques semaines, j’ai été rassuré de me rappeler que jamais ceux et celles à qui j’en avais donné secrètement ne l’ont su, car je ne me sens pas économiquement et émotionnellement suffisamment stable actuellement pour garantir mes bons services en cas d’exigences cumulées de dû dans un futur proche.

Snif.

Bon, le Sopalin ça n’a pas l’air si mal. Je vais tester.