Horreur et damnation

Quelle est la pire torture qu’on puisse m’infliger ?
Refuser la communication lorsque j’ai une idée importante à transmettre.

C’est le supplice de l’interné psychiatrique en possession du savoir d’une catastrophe imminente et dans l’impossibilité de convaincre. Ironiquement, il y a même de quoi rendre fou, en fait.

C’est le supplice de voir quelqu’un s’approcher d’un piège et se laisser entendre « tais-toi, je ne veux pas t’écouter » lorsque je tente de le prévenir.

Dans les deux cas, l’échec critique survient bien sûr avec la catastrophe. Mon sentiment de culpabilité s’exacerbe alors et me poursuit longtemps, même une fois que je ne puis plus rien faire…

La seule protection que je connaisse pour l’instant, c’est l’indifférence : me forcer à ignorer puis oublier les « problèmes » que je vois arriver avant ceux qui en souffriront, mais cela me laisse un arrière-goût d’égoïsme cruel, et se trouve d’autant plus difficile à atteindre que j’ai des liens affectifs avec les personnes concernées.

Actuellement, je suis déchiré entre l’obligation de me voir coupable d’ingérence, et celle de voir souffrir là où j’aurais pu prévenir.

Monde cruel, monde de merde.