Usure

Lundi, c’était hier, et pourtant j’ai l’impression que c’était la semaine dernière.

Entre les déplacements (trajets depuis et vers la gare, marche ce soir avec mon guide de Lille), la formation (toute la journée à parler et m’agiter devant des gens), ma dent de sagesse qui s’est mise à sortir aujourd’hui, l’après-coup de la sortie d’hier et le montage de mon premier meuble Ikea ce soir, mon corps m’injoncte de prendre le repos dont il a tant besoin.

Mine de rien, cette folle activité m’occupe, et il me reste peu de temps pour raconter ce qui est en train de se passer.

Tout d’abord, je remarque une augmentation inhabituelle de ma bibliothèque depuis la semaine dernière. Sans vraiment faire attention, j’ai quand même réussi à acheter cinq livres en cinq jours, et il ne m’en reste plus que deux à lire. Et le tas où je pose mes affaires en ce moment chez moi, augmenté de ces livres, m’a rappelé ce soir combien se faisaient attendre les trois meubles Billy d’Ikea que j’ai commandés il y a deux semaines.

Heureusement, ils sont arrivés aujourd’hui.

Avec un peu de chances (et beaucoup de courage), j’aurai fini de les monter et les installer d’ici deux jours, et je pourrai enfin déballer mes cartons et ranger mon appartement ce week-end.

Cela signifiera officiellement la fin de mon emménagement (qui aura duré plus d’un mois, argh !) et le début d’une nouvelle ère… Que j’avais déjà prévue, mais que je n’avais pas encore établie, faute d’un logement convenable : celle d’avoir une vie chez moi.

Le premier symptôme, ce sera de récupérer mon chat. C’est prévu depuis très longtemps, mais je n’avais pas jusqu’à ces derniers jours mesuré l’impact que cela aura sur mon existence ; en quatre ans d’éloignement, j’avais oublié le rythme des câlins, du nettoyage de litière, des séances de patticures, et les effets secondaires sur les habitudes du quotidien : ouvrir le volet le matin en me levant, passer l’aspirateur plus souvent pour éviter l’accumulation de poils, et tout simplement passer suffisament de temps chez moi pour que la pauvre bête ne se sente pas trop seule. Cela lui fera du bien, et à moi aussi.

Le second symptôme, ce sera de me mettre à écrire pour de vrai. Cela fait un an que je prépare un projet d’écriture un peu conséquent, et je manque de moments d’isolement pour ce faire. J’espère que l’obligation artificielle que je m’imposerai de rester chez moi régulièrement permettra de m’investir dans cette tâche.

Le troisième symptôme, ce sera de me mettre à faire les courses une fois par semaine, et la cuisine le soir. J’ai promis en arrivant à ma colocataire qu’elle bénéficiera de mes quelques talents de cuisinier ; faute de présence de ma part, pour l’instant ces promesses n’ont pas été tenue. Cela changera aussi, probablement. Et ce sera favorable aux économies : je mange encore la plupart des repas à l’extérieur, et ça se sent sur mon budget.

Mais l’inconvénient, c’est que je pense que je vais du même coup voir moins de gens, et me remettre à me souvenir que je suis seul.

Et c’est pourquoi l’emménagement s’éternise.