Du nom, de l’écriture et de la lecture

Pour les égyptiens de l’antiquité, et beaucoup d’autres cultures d’ailleurs, le nom propre est une donnée magique qui donne du pouvoir à qui le possède. C’est la raison pour laquelle on évitait alors d’appeler les gens par leur nom, en utilisant plutôt un diminutif, ou en nommant par la fonction.

Bien que cette manière de voir les choses était principalement motivée par la religion, elle n’en reste pas moins transposable à notre époque.

Je me rappelle à cette occasion l’épisode mouvementé de la découverte de ce blog par mon ex-patron suédois et surtout ses employés, qui ont découvert du même coup que je faisais mention de leur personne. Plusieurs discussions se sont ensuivies, et avant d’arriver à la conclusion que finalement eux n’y voyaient aucun inconvénient et qu’ils m’accordaient l’entière liberté de mon pouvoir d’expression (de toutes façons, en Suède, les gens sont tolérants), mon patron a tout de même fait remarquer que notre société occidentale accepte mal qu’on mentionne les personnes dans leurs dires ou dans leurs gestes sans leur permission explicite.

Techniquement, d’ailleurs, en France c’est totalement illégal.

Ces faits constituent les raisons pour lesquelles j’évite de donner un nom à mes personnages. Même si les personnes sont mentionnées, de toutes façons il n’y a qu’elles, moi, et les personnes directement témoins des faits ou dires qui savent, et je reste tranquille.

Il reste tout de même, pour moi, le problème du souvenir. J’écris principalement pour relater et poser des bases à ma mémoire. Qu’adviendra-t-il lorsque je voudrai replacer les événements dans leur contexte, en l’absence du nom des personnes impliquées ?

Pour l’instant, en ce qui concerne ce blog, je n’ai pas de solution.

Par contre, un projet de rédaction longue en cours a déjà sa solution : « les informations seront dans le texte. »