Les yeux s’ouvrent

Vingt minutes pour raconter un peu ce qui se passe, moins que ce que je m’octroie d’habitude pour réfléchir avant d’écrire…

Je suis de retour en Suède. Le départ s’est organisé un peu à l’arrache ; je n’ai acheté mes billets qu’hier et j’ai pris à peine vingt minutes ce matin pour préparer mes bagages avant de prendre le train pour l’aéroport.

J’écris moins ces derniers temps pour cause de grands bouleversements dans ma manière de penser (bouleversements déjà commencés il y a plusieurs mois) mais surtout une prise de conscience des implications, et des différents choix d’avenir qui s’offrent avec de plus en plus d’évidences à moi.

En arrivant en Suède, j’ai ressenti quelque chose au plus profond de moi que je ne pouvais pas nier, à savoir que je m’y sentais chez moi. Plus précisément, j’ai réalisé clairement que je ne me sentais pas chez moi à Paris, où pourtant je me suis mieux senti qu’aux différents endroits que la vie (et mes parents) m’ont amené à visiter.

J’ai retrouvé un Kemel occupé, mais pourtant de bonne humeur, et nous avons eu une conversation enrichissante (comme d’habitude), qui a confirmé l’engagement pris à demi-mot lors de mon départ précédent que nous continuerions d’entretenir des rapports amicaux dans l’avenir.

Ce soir, il est au cinéma. Avec Hella et une amie hongroise, avec qui j’ai aussi eu une conversation enrichissante, où elle m’expliquait comment elle appréciait les échanges culturels, le fait pour elle de vivre à Stockholm et le plaisir qu’elle a à visiter (pas y vivre) Paris quand elle le peut.

Bien sûr, faute d’opportunités immédiates et en raison d’un engagement nouveau en France (j’ai décidé d’accepter un travail hier soir, qui plus est une activité intéressante avec une équipe et un engagement de transparence et de soutien mutuel - ce dont j’ai besoin dans l’avenir immédiat pour me redonner confiance en moi et assurer une cohérence dans ma vie pendant les remises en question sus-mentionnées) je n’ai pu que répondre de manière évasives sur ma présence future en Suède aux trois personnes qui ont abordé la question ce soir. Mais tout de même.

J’ai passé six mois à regretter la France et les gens que j’y connaissais, pour m’apercevoir trois semaines après mon retour que ceux qui comptent le plus sont ceux que je pourrais amener à moi si j’habitais au bout du monde.

Par ailleurs, en arrivant au centre de Stockholm, dans les allées du métro, j’ai respiré à plein poumons l’air pur et frais qui y règne, qui n’est pas ici incompatible avec l’expression de l’art des rues et, hélas pour eux, la misère des plus démunis, et le simple fait de se sentir respirer de la sorte m’a révélé à quelle point la vie à Paris est oppressante (ne pas pouvoir y respirer librement n’est qu’un symptôme, certes, mais tout de même).

Cette semaine, j’ai eu une vie un peu agitée, prise de droite et de gauche entre diverses tâches administratives et des sorties pour voir des gens bien dans des endroits agréables. Fatigue et distraction aidant, j’ai raté le bus qui devait m’amener à Bruxelles mercredi, et je n’ai donc accompagné la manifestation que par la pensée. Par ailleurs, le concours Prologin qui se déroule ce week-end se déroulera sans moi, faute de présence, et un peu aussi de motivation pour animer une activité centrée autour de cette école dont je veux désormais me séparer, au moins pour quelques années.

Maintenant, il faut que je m’organise une nouvelle vie à Paris et que je donne du mieux de moi même pour ce nouveau travail. Et que je prépare ma présentation pour la soutenance de stage. Mais je ne sais pas comment, et je sais désormais que la meilleure façon de m’y prendre est de ne pas trop prévoir comment cela se passera.

Et je vais écrire. Des prises de position, surtout.