Le week-end, dans l’effet (version 2, version soft)

Monde de brutes. Le plus dur en fait, ce n’est pas d’être différent, c’est de rencontrer des personnes qui n’arrivent même pas à concevoir qu’on puisse baser une existence sur des principes différents des leurs.

Concrètement, lors de la petite fin de soirée au café dimanche soir, je me suis rendu compte de certaines choses en subissant un concentré de ce que me fais subir mon environnement proche depuis quelques temps.

Je me suis rendu compte qu’il existe un monde où il est des actions anodines pour lesquelles on n’est pas en droit pas refuser une signification artificielle, vulgaire, gênante, embarassante, où l’un des acteurs au moins est forcé de se comporter en manipulateur opportuniste, voire conformément à l’attente du ou des autres participants… À un tel point que j’ai pu mettre en doute, pendant quelques temps, la possibilité (par exemple) d’inviter quelqu’un dans un endroit agréable dans le seul but d’y trouver un plaisir partagé, gratuitement, sans conséquences ni sous-entendu « et plus si affinités » !

Je me suis aussi rendu compte qu’il existe un monde où l’échange verbal est soumis inconditionnellement à une obligation de superficialité, dans le but politiquement correct d’éliminer tout risque de malaise chez l’interlocuteur, quitte à appauvrir la conversation en la plongeant dans des abysses de consensualité… Où il est même normal et commun de poser systématiquement des barrières dans un argumentaire pour éviter que soit abordés des sujets non prévus par l’impératif de transmettre un point de vue coûte que coûte…

Je me suis enfin rendu compte qu’il existe un monde où la notion de service est dissociable de ceux qui en bénéficient, où il est possible de se contenter de servir sans satisfaire, où la conscience est sauve à partir du service minimum malgré la frustration des personnes en nécessité, où d’une manière plus générale la gentillesse purement bénévole n’existe pas, en faveur d’une gentillesse intéressée basée sur le principe que toute action coûte et doit donc être, directement ou indirectement, payée en retour.

Hélas, je n’y appartiens pas, à aucun d’entre eux, et sans aucune possibilité d’y appartenir un jour. Et c’est très dur d’essayer, sans succès pour l’instant, de faire comprendre cette différence au quotidien à ceux-là même qui en font partie tout en considérant leur position comme un aboutissement.

Alors forcément, j’ai été fort réconforté de la présence de Mag, car avec elle je me sens moins seul. Merci.